Une histoire birmane 2014-2015, 88 minutes

Un film écrit et réalisé par Alain Mazars.
Long métrage produit par Catherine Dussart /CDP
avec la participation de l'INA (Sylvie Blum).
Musique : Jessica Mazars.
Mention spéciale du jury au Festival International du Cinéma Asiatique de Tours 2015.
Sélectionné au "International Film Festival in Lebanon" (Cultural Resistance) 2014.

Synopsis

Deux histoires parallèles se déroulent. La Première histoire, c'est une enquête menée par des birmans d'aujourd'hui sur les lieux, à Mandalay, Maymyo, Myaungmya, Twante, Syriam, Insein, Moulmein et Katha, où l'écrivain occidental le plus célèbre du Myanmar, George Orwell, a travaillé pendant cinq années en tant que policier de l'Empire Britannique, entre 1922 et 1927. La seconde histoire est l'écho de la première dans le présent : un voyage au pays de la peur dont les protagonistes sont les Birmans, Orwell et le monde occidental actuel. Alors qu'ils viennent tout juste de faire un pas pour échapper à l'emprise de la dictature, les personnages de ce film se mettent à donner un autre sens à leur vie, comme si la lecture de l'oeuvre majeure de l'écrivain anglais -1984 - agissait sur eux comme un révélateur. Et c'est dans cette Birmanie dont on sait qu'elle est régie par le monde de la magie et des esprits que le fantôme d'Orwell et les incarnations des personnages de son roman phare sont convoqués dans le film.

Interview d'Alain Mazars

Le titre de votre film se réfère au premier roman d'Orwell UNE HISTOIRE BIRMANE, mais il y est surtout question de son dernier roman 1984 …

Ce film peut être vu comme une quête d'incarnations des personnages principaux de 1984 dans la réalité birmane actuelle : Winston (celui dont le crime est de tenir un journal intime), Julia (celle qui incarne un désir jamais soumis menaçant les fondements du dispositif totalitaire), O'Brien (le manipulateur qui met en application les directives du dispositif) et bien sûr le fameux Big Brother. Les entités représentées par ces 4 personnages sont comme les leitmotivs du fil conducteur de ce film. Mais ces personnages sont aussi reliés à ceux du premier roman d'Orwell, Flory et U Po Kyin ...

Doit-on voir ce film comme un documentaire ou une fiction ?

Pour Orwell, le totalitarisme qui guette tout système politique génère un monde fantomatique privé de relation avec le réel. Qu'il s'agisse d'écrire ou de filmer, l'enjeu est donc une quête du réel et sur le plan formel, il s'agit pour moi de la recherche d'une expression cinématographique capable de restituer poétiquement cette idée du réel d'Orwell. Pourquoi poétiquement ? Parce que l'approche poétique est pour moi l'expression de cette prédominance de l'intuition et de l'émotion qui caractérise Orwell et son message d'espoir dans l'humain en lutte avec la noirceur du monde. Voyage méditatif sur le passé colonial et les frayeurs de l'Occident actuel, ce film peut être vu comme une exploration onirique de l'introspection effectuée par Orwell, seul face à la mort alors qu'il écrit 1984, introspection en profondeur au cours de laquelle tout le vécu de ses 5 années passées en Birmanie remonte à la surface.

Comment est venue cette étrange idée de faire parler George Orwell en birman ?

Le narrateur n'est pas George Orwell lui-même, mais sa réincarnation birmane. En Occident, l'idée de réincarnation n'est pas prise au sérieux, mais en Asie, on y croit vraiment. Pour les Birmans, le monde invisible des esprits n'est pas imaginaire, mais bien réel. J'ai voulu rendre compte de cette "vision birmane" issue de l'inconscient collectif d'Asie du sud-est, déroutante pour les occidentaux. Le titre du film UNE HISTOIRE BIRMANE, outre la référence au roman d'Orwell, exprime aussi ce point de vue birman que j'ai voulu restituer.

N' y a-t-il pas une sorte de schizophrénie dans la forme de votre film ?

Dans 1984, Orwell a poussé si loin cette idée de double-pensée et de surmoi freudien qui permet de pouvoir garder à l'esprit 2 croyances contradictoires, qu'il dédouble son identité de narrateur, devenant une sorte de conteur schizophrène, écartelé entre 2 voix et 2 intrigues, l'une apparente et l'autre latente. Il en est de même dans ce film : 2 points de vue - l'un birman, l'autre occidental via Orwell revisité par le réalisateur du film - s'affrontent. 2 perspectives distinctes co-existent, tendant vers la formation d'une identité métisse.

LES INROCKS. 20 novembre 2015.

Cinéaste français qui tourne en Asie depuis des lustres (des fictions et documentaires), Alain Mazars s'intéresse ici à l'écrivain anglais George Orwell, qui entre 1922 et 1927, fut sergent dans la police impériale en Birmanie (alors possession britannique). Ce séjour lui a fourni la matière de son premier roman, Une histoire birmane, où pointe déjà sa prise de conscience anti-impérialiste. Mazars utilise ce livre comme support initial d'un documentaire en Birmanie. Quelques autochtones le lisent et en débattent à bâtons rompus.

Correspondance saisissante avec la dictature récente.
Certaines de ces personnes anonymes - les plus marquants étant un moine et une bonzesse aux crânes rasés - seront les go-between du cinéaste dans son exploration de l'oeuvre d'Orwell. Puis, en restant dans le registre de la flânerie, en arpentant divers lieux du pays (dont certains décrits ou peut-être habités par l'écrivain), ce qui permet par la même occasion d'en scruter la physionomie, ces mêmes personnes ou d'autres s'attaquent au morceau de bravoure d'Orwell, le roman futuriste 1984. Là, le cinéaste va plus loin. Il transforme certains de ses lecteurs en personnages du roman (ils interprètent certains dialogues). Le plus saisissant reste leurs commentaires. En effet, en discutant du roman de 1948 décrivant une dystrophie stalinoïde, ils voient une correspondance saisissante avec la dictature récente qui a verrouillé la Birmanie jusqu'en 1911.

Le temps qui passe.
Mais le film n'est pas qu'une évocation politico-littéraire. Alain Mazars filme aussi le temps qui passe, la Birmanie actuelle. La réalité du présent s'immisce dans les interstices de la littérature, débordant les pages d'Orwell. Un frémissement onirico-exotique rappelant parfois le cinéma de Weeraseethakul, cinéaste voisin puisque thaïlandais, traverse cette vision transversale d'un pays qu'on avait presque oublié. Vincent Ostria

SLATE.FR.

«Une histoire birmane» sur les traces d'Orwell
Ici, l'exotisme, au sens de rencontre de deux lointains, ne concerne pas seulement la vision «ici» d'un film de «là-bas». Elle est au principe même du scénario et de la réalisation. Triple exotisme même. Alain Mazars suit avec attention, caméra en main, les effets de la confrontation entre un regard occidental, celui de l'écrivain anglais George Orwell, et une situation orientale, la Birmanie, où Orwell a servi comme jeune officier de sa Majesté et qui servait de décors et de sujet à son premier roman, déjà intitulé Une histoire birmane.
Mais il s'agit aussi de la confrontation entre passé (Orwell y était dans les années 1922-1927, il a publié son livre en 1935) et présent, et du rapport entre la littérature et de la réalité sociopolitique du Myanmar, à la veille des élections de novembre, et dans le sillage de la longue et atroce dictature qu'a subi le pays. Mais la littérature d'Orwell, c'est bien sûr surtout le grand classique consacré à l'oppression totalitaire, 1984, et le moins qu'on puisse dire est que côté totalitarisme les Birmans en connaissent un rayon.
Cinéaste excellent connaisseur de l'Asie (Souvenirs de printemps dans le Liao-Ning, Lhassa, Le Pavillon aux pivoines, Printemps Perdu, Ma Soeur chinoise, Lignes de vie, La moitié du ciel, Sur la route de Mandalay, La Chine et le réel) Alain Mazars organise une circulation entre ces pôles, méditation poétique plutôt qu'enquête journalistique dont le personnage central serait une réincarnation birmane et actuelle d'Orwell lui-même. Attentif aux lieux, aux visages, à la musicalité de la langue, le film voyage à travers les paysages, rencontre de multiples protagonistes, digresse pour mieux approcher des vérités complexes.
Parti de ce qui pouvait paraître presqu'une coïncidence – la présence d'Orwell, futur grand écrivain de la terreur étatique, dans un pays passé presqu'immédiatement de l'oppression coloniale à cinquante ans de dictature militaire– Une histoire birmane se révèle plutôt comme une opération magique. Une incantation qui, entre passé et présent, là-bas et ici, littérature et actualité, ferait émerger les spectres de l'oppression et de la soumission, mais aussi les fantômes de la liberté. Jean-Michel Frodon

POSITIF. Novembre 2015.

Pourquoi le cinéma d'Alain Mazars n'est-il pas mieux distribué ? Depuis La Moitié du ciel en 2001, aucun de ses longs métrages n'a eu les honneurs d'une sortie en salles. Le réalisateur de Printemps Perdu a pourtant enchaîné dans l'intervalle une série de titres qui ont passionné les trop rares spectateurs ayant eu l'occasion de les voir, en festival ou lors de projections spéciales. La plupart de ces films se situent en Asie du Sud-Est, Laos et Birmanie. Documentaires ou fictions, tous sont nés d'une volonté de fondre, en un geste poétique, le regard du cinéaste français et une sorte d'inconscient collectif du lieu, recueilli sur place à force d'observation et de disponibilité. Symbole de ce métissage, Une Histoire birmane reprend le titre du roman que George Orwell a écrit à l'issue de cinq années passées en Birmanie, de 1922 à 1927, au service de la police coloniale britannique. Cet épisode est peu connu des lecteurs de 1984 et pourtant ces cinq années et le sentiment de culpabilité qu'elles font naître chez Orwell ont eu une influence déterminante sur sa création littéraire. Mazars a sillonné la Birmanie sur les traces d'Orwell. Les prisons où celui-ci a officié sont toujours là, récupérées par le régime militaire. Face caméra, des inconnus osent faire le lien entre les textes de l'écrivain et l'évolution politique de leur pays. Comme si les turpitudes de Flory dans Une Histoire birmane et l'horreur cauchemardesque de Big Brother dans 1984 offraient des récits prophétiques de leur expérience de la dictature.
Pour corroborer leur propos, le fantôme de George Orwell ou plus exactement sa réincarnation birmane, apporte ses commentaires en voix off. Cette voix qui s'exprime en birman depuis un hors-champ qui pourrait être l'au-delà, ajoute une dimension spectrale à l'enquête qui s'enrichit de reconstitutions d'extraits de 1984, adaptés dans la Birmanie d'aujourd'hui. Il ne s'agit aucunement de film dans le film, mais biens de l'incarnation des personnages d'Orwell dans un pays toujours marqué par sa dictature. Qui est Winston, condamné pour avoir tenu un journal intime ? Où est sa Julia qui feint d'épouser les valeurs du système ? Et O'Brien leur bourreau ? Ne pourraient-ils inverser leur rôles et leurs visages ?
En cadrant d'emblée dans un librairie locale Une Histoire birmane d'Orwell à côté du Freedom from fear, d'Aung San Suu Kyi, Mazars donne le ton d'un film mosaïque qui ose tous les collages et rapprochements. Sa science du cadre et de la lumière s'appuie, tout comme son propos, sur un grand talent d'écoute et d'attention au réel. Le superbe travail sur la bande son de Romaric Nereau va dans le même sens. Le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles ou de l'eau donnent un parfum élégiaque à des images qui cachent l'horreur derrière la beauté. L'horreur ne se donne pas à voir au premier regard, mais elle suinte de ces lieux hantés par la présence d'Orwell. À moins que ce soit le contraire, que ce soit ces lieux qui hantent les livres d'Orwell et l'ont rappelé d'entre les morts pour apporter son témoignage : "j'étais Eric Blair. La Birmanie a failli me transformer en O'Brien, mais O'Brien est vite devenu Flory. Flory est mort en Birmanie. Il s'est réincarné en Winston, grâce à Julia. Winston est devenu Orwell. Orwell est devenu Goldstein. Orwell est tous ces personnages à la fois." Et nous, quelle aurait pu être notre place ? ... Nostalgique et obsédant, le théme musical récurrent de Jessica Mazars sur le générique de fin laisse entendre que nous sommes tous des birmans. Philippe Rouyer

PREMIERE. Novembre 2015.

Au lieu de filmer la cruauté du régime, Alain Mazars illustre l'oppression qu'il exerce grâce une mise en abîme de la pensée de George Orwell. S'opère alors un chassé-croisé avec 1984, qui donne à cette critique une force de frappe redoutable. Mathias Averty

L'HUMANITE. 25 novembre 2015.

Big Brother in Asia. Connu pour des fictions et documentaires tournés en Chine, Alain Mazars part en Birmanie sur les traces de George Orwell. Car celui-ci, on l'ignorait, y fut policier dans les années 1920. Sans particulièrement retracer la vie de l'écrivain, Mazars confronte des autochtones à sa prose. Il les filme en train de lire et de discourir sur son premier roman, Une Histoire birmane, tiré de son expérience. Voyageant dans le pays, éventuellement dans des parages où vécut le romancier, Mazars tente de faire coïncider l'âme des lieux actuels avec ses écrits. Il s'attaque ensuite au plus célèbre roman d'Orwell, 1984 : quelques birmans en lisent des passages, ou même en interprètent certains personnages. Ils découvrent soudain dans la dystopie totalitaire décrite par Orwell des échos brûlants de la dictature militaire qui musela et opprima la Birmanie jusqu'en 2011. Brillante évocation politico-poétique. Vincent Ostria

TELERAMA. Du 28 novembre 2015 au 04/12/2025.

Ce documentaire méditatif a été tourné en Birmanie sur les traces de George Orwell: il y a vécu entre 1922 et 1927. L'occasion d'élaborer un parallèle pertinent et fécond entre son célèbre 1984 et le régime autoritaire birman d'avant les élections libres du 8 novembre dernier. Nicolas Didier

LES ECHOS. 24 novembre 2015.

En Birmanie, sur les traces d'Orwell
Une histoire birmane est un documentaire inspiré d'Alain Mazars sur lequel plane l'ombre de l'auteur de « 1984 » qui fut policier à Mandalay du temps où la Birmanie s'appelait Myanmar.
Alain Mazars est un cinéaste rare. On lui doit notamment le délicat « Printemps Perdu », trésor un peu secret tourné en Chine à la fin des années 1980. Cinéaste nomade, il filme ses voyages et rassemble ses images à la façon d'aquarelles. Entre documentaire et fiction, carnet de route et essai littéraire Une histoire birmane est l'une de ses plus belles réussites.
Lorsque Mazars se rend au Myanmar, le régime de la junte touche à sa fin mais les élections sont encore loin. Le cinéaste revient sur les traces de George Orwell qui exerça la profession de policier, à Mandalay notamment, de 1922 à 1927. Le Myanmar s'appelait alors Birmanie et Orwell Eric Blair. De son expérience coloniale, il tirera son premier roman : « Une histoire birmane ». Reste des ruines, le souvenir flou d'un flic anglais qui a traversé les générations, des prisons récupérées par le régime militaire. Plane surtout dans les rues les mots du dernier livre d'Orwell, « 1984 », extraordinaire portrait d'un système totalitaire devenu pour les Birmans un miroir étonnant. Dans la lumière du Myanmar, Mazars éveille les fantômes de Winston, Julia, O'Brien... et bien sûr l'ombre dévorante de Big Brother. Le film s'écoule comme une poésie, enivré par la touffeur du fleuve Irrawaddy. Et sous l'apparente douceur des crépuscules birmans, Mazars saisit l'angoisse des temps présents, les débris des colonies et d'un XXe siècle qui vole en poussières. Adrien Gombeaud

LA CROIX. 25 novembre 2015.

Un voyage en Birmanie sur les traces de George Orwell, doublé d'une réflexion sur la peur.
Ce documentaire s'attache - souvent de manière saisissante - à établir le lien entre l'oeuvre de l'écrivain britannique et le récent passé du pays où il séjourna.
George Orwell n'était pas encore l'écrivain que l'on sait lorsqu'il travailla, pendant cinq ans entre la fin des années 1920 et le début des années 1930, au sein de la police coloniale britannique en Birmanie. Il la quitta pour rentrer en Europe et écrire son grand œuvre, 1984.
Menée vers l'indépendance par le général Aung San, le pays sombra dans la dictature. Alors que la fille du « père de la nation », Aung San Suu Kyi, semble sur le point de le ramener vers la démocratie après des décennies de lutte non violente, Alain Mazars a entrepris un ambitieux travail de relecture de l'oeuvre et de l'histoire birmane au XXe siècle.
Ce documentaire discret – il ne sort hélas que dans quelques salles – vaut avant tout pour l'originalité et la puissance de son sujet. Au prix d'une construction complexe, l'auteur offre un point de vue saisissant sur le pays à partir du chef-d'œuvre d'Orwell, 1984.
Ce roman du totalitarisme, considéré en Birmanie comme une œuvre prémonitoire, est en passe de devenir cathartique pour nombre de Birmans éprouvés par les années de dictature, l'emprisonnement, la torture et la peur. Les résonances sont nombreuses. La traversée du pays, induite par le film, n'en est que plus édifiante. Arnaud Schwartz

LE NOUVEL OBSERVATEUR. 26 novembre 2015.

La Birmanie d'aujourd'hui a-t-elle à voir avec celle de 1922, telle que la découvrit un jeune policier colonial britannique du nom d'Eric Blair, qui une dizaine d'années plus tard fit paraître "Une histoire birmane", sous le pseudonyme de George Orwell ? Face à la caméra, des Birmans parlent : jeunes pour la plupart, ils ont lu Orwell et ce qu'ils disent de ses livres, dont "1984", résonne étrangement.
L'écrivain est désigné comme un "prophète birman" par ceux qui vécurent sous la dictature comme vivent les personnages de "1984". Ils affirment avoir subi un lavage de cerveau identique, qui conduisit certains d'entre eux à se faire informateurs eux-mêmes. 

LE MONDE. 25 novembre 2015.

De 1922 à 1927, George Orwell était officier de police de la Couronne britannique, en poste en Birmanie. La correspondance qu'il a tenue à cette période de sa vie a disparu, et son livre Une Histoire birmane (1934) en constitue le principal témoignage. Grand arpenteur du continent asiatique, et explorateur de ses cultures, le réalisateur français Alain Mazars s'est inspiré de cet épisode pour confronter, dans un dispositif complexe, le legs de cet écrivain visionnaire, prophète des sociétés de contrôle et de surveillance contemporaines, avec l'état de cette ancienne colonie qu'est la Birmanie, qui s'extirpe seulement d'un demi-siècle de dictature... Isabelle Regnier

ASIALYST.COM.

A la frontière du documentaire et de la fiction, "Une histoire birmane", sur les traces de George Orwell dans le monde de Big Brother, nous plonge dans la Birmanie actuelle à travers le regard mêlé de ses habitants et des personnages de 1984. Le réalisateur français Alain Mazars brouille ici les genres et entremêle les récits politiques à la première nouvelle de George Orwell, quasi autobiographique, dont il reprend le titre. On y découvre un pays magique, un peu schizophrène et des habitants assoiffés de liberté.
Mandalay, 1922, école de police coloniale. Un certain Eric Blair se promène pensivement, griffonne sur un carnet tandis que ses camarades de promotion enchaînent les gin tonic en soufflant dans la chaleur birmane. Eric Blair est résident birman, mais le jeune Anglais n'a rien d'un administrateur colonial ordinaire. Il se destine à l'écriture et publiera un roman, Une histoire birmane (Burmese days) en 1934 sous le nom de plume avec lequel il deviendra mondialement célèbre, George Orwell. Il y décrit la vie de John Flory, administrateur de l'Inde britannique vivant à Katha, désabusé par l'Empire. Au-delà du destin tragique du jeune Flory, de ses contradictions entre son mal de vivre dans un monde fondamentalement raciste, corrompu et décadent, et son admiration pour le pays où il vit, on découvre la Birmanie à travers les yeux d'Orwell, venu aussi retrouver sa grand-mère maternelle, dans la petite ville de Moulmein.