Après une maîtrise de mathématiques, une licence de psychologie et des études de chinois, Alain Mazars, né à Paris en 1955, est envoyé comme coopérant enseignant en République Populaire de Chine, en 1978-79. Il y tourne par la suite des films de fiction (AU-DELA DU SOUVENIR, PRINTEMPS PERDU, MA SOEUR CHINOISE, LA MOITIÉ DU CIEL) ainsi que plusieurs films expérimentaux (SOUVENIRS DE PRINTEMPS DANS LE LIAONING, LE JARDIN DES AGES, LE REVE DU PAPILLON…) et documentaires (LHASSA, LE PAVILLON AUX PIVOINES, LA CHINE ET LE REEL…).

Cinéaste membre de « LA CASA DE VELAZQUEZ »  à Madrid, de 1984 à 1986, il y tourne des moyens métrages (ACTUS, RODAMORFOSIS…).

Prix "Georges Wildenstein 1986", Prix "Léonard de Vinci 1989" et Prix "Villa Medicis Hors Les Murs 1994" du Ministère des Affaires Etrangères.

Intervenant en réalisation à la FEMIS entre 1995 et 2012.

Il est l’un des membres fondateurs de l’A.C.I.D. (Agence du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion).

Depuis 2002, il filme principalement en Asie du sud-est, notamment au Laos (PHIPOP, LIGNES DE VIE) et en Birmanie (L'ECOLE DE LA FORET, SUR LA ROUTE DE MANDALAY, UNE HISTOIRE BIRMANE, TOUT UN MONDE LOINTAIN). Il réalise également des documentaires sur le cinéma (LE MYSTERE EGOYAN, LA CHINE ET LE REEL, JACQUES TOURNEUR LE MÉDIUM, TOD BROWNING, DOUGLAS SIRK, LEE CHANG-DONG).

Longs métrages :

Courts et moyens métrages :

CAHIERS DU CINEMA. Février 2020. Paola Raiman

Découverte. Les tribulations d’un français en Chine. Connaissez-vous Alain Mazars ? Les Journées cinématographiques de Saint-Denis fêtaient leurs 20 ans et proposaient pour l’occasion une programmation foisonnante construite autour du rêve. On pouvait y découvrir PRINTEMPS PERDU du discret Alain Mazars, que l’un des programmateurs du festival, Vincent Poli, présentait comme « un Robert Bresson qui se promènerait seul dans la campagne chinoise ». De quoi intriguer les cinéphiles. Alain Mazars fut, de fait, envoyé en Chine en 1978 à 23 ans pour y enseigner les mathématiques auprès des enfants d’expatriés français. Après un premier séjour décevant, il retournera dans la République populaire au début des années 80, avec une licence de mandarin en poche. C’est à ce moment qu’il réalise ses premiers films chinois (1986) - un film expérimental - puis un long métrage de fiction, PRINTEMPS PERDU, en 1990. À peine le film a-t-il commencé (par un monologue intérieur en chinois embrassant un paysage hivernal) qu’on ne pense plus à la nationalité du cinéaste, tant celui-ci se tient loin de tout orientalisme et parvient avec une simplicité désarmante à concilier lucidité politique et songe poétique. Yen, un chanteur d’opéra, est envoyé dans un camp de rééducation en Mongolie après avoir critiqué un membre du parti. Là-bas, il rêve chaque jour de son opéra préféré, LE PAVILLON AUX PIVOINES, et reçoit la visite fantomatique de Du Liniang, l’amoureuse éperdue de la pièce. Après sa libération, Yen décide de rester vivre dans un village désolé de Mongolie. Il est bouleversé par la beauté de Ling Ling, une villageoise qu’il finit par épouser, mais dont la mélancolie cache un secret. C’est par un montage musical et impérieux que Mazars transfigure son récit, entrelaçant les temporalités et les narrateurs dans la tourmente des amours impossibles. Les personnages de PRINTEMPS PERDU semblent tous habités par une invisible présence qui guide les moindres de leurs mouvements intimes. Ce n’est pas un hasard si l’on se prend à penser au Jacques Tourneur de Vaudou ou de La Féline cinéaste fétiche de Mazars à qui il dédiera un beau documentaire intitulé JACQUE TOURNEUR, LE MÉDIUM. Portrait passionné de cinéaste qui s’inscrit dans une trilogie (pour l’instant), qui comprend aussi TOD BROWNING, LE JEU DES ILLUSIONS (2016) et DOUGLAS SIRK, DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR (2017). Ce triangle cinéphile au croisement du fantastique et du mélo est à l’image des obsessions qui travaillent la plupart des films de fiction de Mazars. Quelques années après PRINTEMPS PERDU, MA SOEUR CHINOISE (1994) sur un mode apparemment plus linéaire - et un casting franco-chinois où Alain Bashung interprète un instituteur halluciné - poursuit l’exploration de la fiction du régime chinois (pour reprendre l’expression du sinologue Simon Leys : « la République populaire de Chine est une fiction ») à travers la contamination du réel par l’onirisme. Alain Mazars n’a jamais cessé ses pérégrinations filmiques à travers l’Asie contemporaine : il signait en 2014 UNE HISTOIRE BIRMANE, un film sous forme d’enquête sur les traces de George Orwell en Birmanie.